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Patrick Coutellier, DG de Saida: «La nouvelle C3 est en train de prendre le leadership de notre gamme Citroën»

Interview réalisée par Lyès Ibalitène

Depuis sa création, Saida n’a cessé de renforcer sa présence sur le marché algérien pour devenir rapidement un distributeur multimarques. D’où cette impression d’une entreprise ambitieuse et qui n’a pas encore fini de grandir. Où en est, justement, aujourd’hui cette entreprise ?

Il serait peut être utile de rappeler que Saida est une filiale de GBH qui a été créée en 2007. Ses activités avaient commencé avec la marque indienne Mahindra, et dès mars 2008, nous avons intégré dans notre entreprise la marque Citroën, puis, une année plus tard, la marque chinoise Brillance-Jinbei. Cette année, nous avons renforcé notre présence sur le marché algérien avec la marque poids lourd Scania.
Parallèlement à l’arrivée de nouvelles marques, Saida a bénéficié d’un plan de reconstruction et de réorganisation à la dimension de son épanouissement et de son développement. Au mois de mars 2008, tous salariés confondus, Saida comptait 30 personnes, aujourd’hui, nous sommes près de 200 salariés. Nous avons donc créé beaucoup d’emplois, nous avons structuré l’entreprise et nous avons regroupé au siège central, à Réghaia, un certain nombre de savoir-faire dans le domaine du marketing et de la finance. Dans celui de la formation aussi avec l’ouverture, l’année dernière, de notre centre de formation dédié aux marques Citroën et Mahindra. Ce centre sera prochainement spécialisé aussi dans la marque poids lourd Scania…

Citroën, Mahindra et Sacnia. Visiblement, il n’ y a plus de place pour Brillance-Jinbei dans votre plan de restructuration…

En ce qui concerne Brillance-Jinbei, nous importions les véhicules et nous avions fait de la distribution directe jusqu’au début de l’année 2010. Aujourd’hui, nous distribuons toujours Brillance-Jinbei, mais d’une manière un peu confidentielle. Nous opérons par l’intermédiaire de notre réseau et nous faisons des achats à la commande. Les pièces de rechange sont disponibles, et nos techniciens aussi, à travers le réseau ou dans notre centre de maintenance à Oued Smar.

Ne pensez-vous pas qu’en fin de compte, aller ramener des voitures Brillance pour l’Algérie c’est oser un pari perdu d’avance? Allusion faite aux prix pratiqués par cette marque chinoise qui sont excessivement élevés, alors que le principal atout des voitures chinoises en Algérie se trouve être justement leurs tarifs relativement bas et concurrentiels.

C’est vrai qu’au départ, la politique de Saida était d’avoir des cartes chinoises. Aujourd’hui, je vous dirai sincèrement qu’il y a un changement de cap. On préfère se recentrer plutôt sur Citroën, sur Mahindra et sur le développement de Scania poids lourd. Pour commercialiser des produits, il faut d’abord qu’ils intéressent les gens et la clientèle ciblée. Et vous n’ignorez sans doute pas que le consommateur souhaite avoir accès à un produit par la porte du rapport qualité-prix intéressant. Mais, comme vous le soulignez, Brillance fait des produits de luxe chinois qui se situent pratiquement à la même hauteur tarifaire que les produits européens. Et là ça devient un peu compliqué à commercialiser…

Mahindra aussi semble être en recul par rapport à ce qu’elle était en 2007 lorsqu’elle avait servi à introduire Saida sur le marché algérien. Nous avons même remarqué que la gamme que vous proposez pour la marque indienne a été amputée depuis un bon moment déjà du SUV Bolero pour être réduite au seul modèle Scorpio. Mahindra serait-elle finalement en train de faire les frais d’une démarche qui prônerait le redéploiement sans partage de Citroën ?

Pas du tout. Pour Mahindra, nous avons préféré recentrer la gamme. Aujourd’hui, on se spécialise plutôt dans le pick-up 4×2 Simple Cabine et 4×4 Double Cabine. Mais, rassurez-vous, nous n’allons pas laisser tomber cette marque, bien au contraire. D’autant plus que nous sommes largement dans nos prévisions en termes de volumes de ventes. Ce qui nous pousse plutôt à établir un plan d’action plus renforcé et bien orienté au profit de Mahindra.


D’une gamme de véhicules touristiques et utilitaires légers, Saida fait un grand bond vers le véhicule industriel en récupérant à son compte la prestigieuse marque Scania pour laquelle d’immenses investissements ont été consentis. C’est là une orientation qui obéit clairement aux opportunités d’un marché algérien largement favorable à la branche du poids lourd. Et contrairement au cas Brillance-Jinbei, le pari semble gagné d’avance avec Scania qui jouit d’une notoriété avérée sur ce même marché. N’est-ce pas ?

Il faudrait peut être préciser que notre métier à GBH englobe la distribution de véhicules légers, poids lourd et engins de travaux publics. Nous avons déjà une très belle histoire écrite avec Scania dans les départements d’Outre-Mer où nous sommes partenaires de la marque suédoise depuis déjà de nombreuses années. Nous avons donc étudié sa réintroduction en Algérie. Moi-même étant spécialisé à l’origine dans le poids lourd, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire dans ce sens. Comme vous le dites, au vu des chantiers qui existent actuellement en Algérie, il y a des besoins pour les années à venir en camions, et en camions robustes. Il faut compter aussi les perspectives qu’ouvre l’autoroute est-ouest pour le transport en camion, et dans ce créneau, je pense que Scania a sa place.

En récupérant Scania, vous héritez automatiquement d’un parc roulant dont une bonne partie a été livrée par votre prédécesseur dans la distribution de cette marque. Qu’en est-il, ou qu’en sera-t-il, de la relation entre Saida et les propriétaires de ce parc ?

Vous savez, à un moment donné, les grandes marques agissent ou réagissent. Nous avons posé un certain nombre de conditions pour mieux gérer la marque Scania. Nous allons prendre en charge tout le parc roulant, que les camions aient été achetés ici en Algérie ou ailleurs.
Nous avons le centre de service après-vente et de pièces de rechange de Scania qui est en train d’ouvrir ses portes et un centre de réparation avec des techniciens formés en conséquence. Et bien évidemment, s’il y a des dossiers un peu difficiles qui appartiennent au passé, on est là pour les gérer.

Parlons maintenant, si vous le permettez, de Citroën, que vous décrivez fièrement comme le fer de lance de l’entreprise Saida. La marque française était à la Une ces derniers mois avec deux nouveaux lancements, à savoir la nouvelle C3 en juin, puis la DS3 en septembre. Deux produits qui apportent chacun un plus à la gamme que vous commercialisez, avec cependant, un rôle commercial beaucoup plus important attribué à la nouvelle C3…

Nous sommes évidemment très heureux d’avoir accueilli depuis quelques mois le nouvelle C3. Elle représente un segment porteur. L’ancienne C3 a fait un bon chemin et nous misons encore plus sur la nouvelle C3, d’autant que nous avons positionné ce véhicule de manière assez agressive par rapport à ses concurrents. Les débuts de la nouvelle C3 sont plutôt très prometteurs et confortent notre stratégie. Quant aux stocks, ils sont en train d’arriver en quantités suffisantes, ce qui nous rassure davantage et nous permet d’avoir des objectifs ambitieux.
Quant à la DS3, elle apporte un sang nouveau à Citroën en signant la naissance d’une nouvelle gamme de luxe à fort dosage sportif. C’est un véhicule que nous avons tenu à ramener en Algérie le plus tôt possible, sachant qu’il existe un potentiel de clients friands de ce type de produits. La DS3 annonce la naissance d’une nouvelle gamme qui va encore rehausser l’image de marque de Citroën en Algérie, comme elle le fait déjà ailleurs.

Vos volumes de ventes Citroën sont largement dominés par le Berlingo. N’auriez-vous pas souhaité, en tant que premier responsable de l’entreprise, que cette domination revienne plutôt à une berline ?

C’est une question très intéressante. Effectivement, nous faisons énormément de volumes avec le Berlingo qui réalise pratiquement 50% de nos ventes. C’est bien et c’est à la fois dangereux d’avoir un seul modèle qui domine. Notre job aujourd’hui pour la marque Citroën consiste à, entre autres tâches, positionner d’autres modèles dans la gamme des berlines, et là, nous sommes en train d’y arriver. La C5, par exemple, est leader dans son segment parmi les voitures françaises.
Nous venons de lancer la nouvelle C3 qui commence à prendre son envol. Ce mois-ci (ndlr : septembre) par exemple, nous avons passé plus de commandes de C3 que de commandes de Berlingo. Cela ne veut pas dire que nous avons régressé en ventes de Berlingo, mais plutôt que nous sommes en train de réaliser des débuts en force avec la nouvelle C3. Le Berlingo conserve toujours ses gros volumes, mais, en parallèle, la nouvelle C3 est en train de prendre le leadership de la gamme Citroën en Algérie, et cette configuration va sans doute se renforcer en 2011.
Comme vous le savez, l’année prochaine, nous allons encore étoffer notre gamme par l’arrivée de la nouvelle C4, et avec une nouvelle C3 arrivée à maturité en 2011 et la nouvelle C4, nous allons pouvoir oeuvrer de manière à inverser la tendance et à placer des berlines en tête de nos ventes. Tout en continuant, bien sûr, à développer les autres modèles de notre gamme.