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Jean-Christophe Kugler, directeur des opérations Renault pour la zone Euromed-Afrique: « La course contre la montre a commencé »


Propos recueillis par Lyès Ibalitène

Au lendemain de la signature du contrat pour la construction d’une usine automobile Renault en Algérie, nous avons eu un entretien avec Jean-Christophe Kugler, directeur des opérations du groupe français pour la zone Euromed-Afrique et signataire dudit contrat pour Renault.

Maintenant que le pacte de partenariat entre l’Algérie et Renault est signé, quelle serait, selon vos prévisions, la période nécessaire pour voir l’usine de production mise en place et devenir productive ?

Avec nos partenaires algériens, nous sommes dans un planning qui nous emmène à produire la première voiture au deuxième semestre 2014. Donc d’ici fin 2014, on aura commencé à produire les premiers véhicules, et tout le monde est concentré sur ce projet.
Il faut savoir toutefois qu’il n’ y a pas que l’usine de production automobile qu’il faut arriver à mettre en place, la faire démarrer et former le personnel qui y travaillera. Il faut aussi que toute l’infrastructure à Oran soit prête pour permettre à cette usine d’opérer, à savoir le port, l’aéroport, les routes, l’approvisionnement en énergie etc… Et là, on va avoir beaucoup besoin de tous les Oranais, du wali et de toutes ses équipes pour arriver à mettre cela en place dans le respect des échéances. La course contre la montre a déjà commencé pour qu’on soit tous prêts d’ici fin 2014.

Lorsque vous parlez d’une usine de production à mettre en place, doit-on comprendre qu’il s’agit d’installations flambant neuf ou bien s’agit-il de transfert d’équipements déjà utilisés dans d’autres usines Renault ?

Ce sera globalement du flambant neuf. On n’a pas encore le détail précis sur les machines qui seront achetées, mais, généralement, lorsqu’on procède à ce type d’installation, nous avons à peu près 80% de matériel flambant neuf et puis 20% qu’on récupère d’une autre usine qui est en train de passer à une nouvelle génération de véhicules.

L’aspect formation et transfert de savoir-faire semble avoir été l’un des points dominants dans les négociations entre les deux parties engagées dans le projet. Pensez-vous que d’ici à 2014, le temps est suffisant pour former un personnel qualifié? Cette question se pose, et s’impose aussi, parce que justement, le démarrage de l’usine Renault au Maroc aurait été confronté, au manque de qualification du personnel local. C’est du moins ce qu’avait rapporté la presse française…

L’information n’est pas bonne. Un des points forts au Maroc a été justement la formation. Nous avons notre institut de formation qui travaille en deux équipes, et les personnes retenues s’y retrouvent comme si elles étaient dans une usine de formation. Donc notre objectif à nous pour Oran, c’est de mettre en place des équipes qui puissent connaître et mettre en pratique nos standards bien avant de commencer à produire. En fait, la personne qui va travailler dans l’usine d’Oran se sera déjà entraînée avant même de commencer officiellement son travail. Elle a déjà le geste et le reflexe acquis parce qu’elle s’est déjà entraînée en dehors de la ligne de production. On va beaucoup investir sur la partie formation, et pour ce qui est de l’encadrement des équipes de production, nous allons recruter des personnes à l’avance pour les envoyer sur nos sites pour des stages de longue durée de façon à ce qu’elles assimilent convenablement les standards de Renault, qu’elles soient capables de les pratiquer elles-mêmes et de former leurs opérateurs de sorte à ce que ces derniers respectent ces standards.

Quelle serait la différence entre le projet Renault en Algérie et celui déjà réalisé au Maroc ?

Il ya une très grosse différence. Le marché algérien est le deuxième plus gros marché d’Afrique, après l’Afrique du Sud. Donc, on pourrait très bien avoir un marché algérien qui devient premier marché en Afrique. Partant de ce constat, le projet Renault en Algérie aura comme destination prioritaire d’alimenter le marché local, et c’est l’objectif également du gouvernement algérien qui a besoin d’une production locale pour la consommation locale.
Quant à l’opération au Maroc, elle intervient dans un petit marché, donc elle vise l’exportation. Là, on est en zone franche et on exporte 85% de notre production marocaine.

Oui, mais techniquement, ce sont surtout le montage et le mode de gestion des deux projets qui sont différents…

Effectivement. Au Maroc nous avons des partenaires avec une société immobilière qui reloue à Renault, avec un montage plus compliqué et différent de celui qui s’est fait pour l’Algérie.
Je pense que ce qui est très intéressant dans ce qu’on fait en Algérie, c’est ce schéma de cogestion. C’est un cas assez unique. J’estime qu’on a réussi à bien se mettre d’accord avec nos partenaires pour se retrouver avec une entreprise algérienne cogérée, avec un transfert de savoir-faire du groupe Renault vers ces partenaires de sorte à former les élites algériennes. Donc, on est sur un schéma de co-gestion et toutes les décisions, on les prendra ensemble.

L’exclusivité de trois années accordée à Renault concerne-elle uniquement la production où bien s’étend-t-elle à la partie commerciale ?

S’il ya exclusivité, ce sera une exclusivité sur la production de Renault en Algérie et non sur la vente. Ce nous avons demandé, c’est qu’il n y ait pas un autre groupe qui s’installe en Algérie pour produire en même temps que nous. Il s’agit de protéger la première société que nous allons monter avec le gouvernement algérien. En aucun cas, nous n’avons demandé d’exclusivité commerciale, que ce soit vis-à-vis des ventes privées ou des ventes publique. Pour les marchés publics, nous allons continuer à recevoir les appels d’offres comme les autres constructeurs automobile, et nous allons continuer à nous battre comme nous l’avons toujours fait.

Avez-vous prêté l’oreille à ce qui s’est dit tout récemment sur une éventuelle prise de participation algérienne dans le capital de PSA ?

J’ai vu cela dans la presse il y a quelques jours et j’ai l’impression qu’il s’agit d’une rumeur parce que Raffarin lui-même a déclaré qu’il n y avait jamais eu aucune discussion entre le gouvernement algérien et PSA. Ce groupe a également démenti. Donc, je pense que c’est une rumeur.