Chenai (Inde), Lyès Ibalitène
Quelques jours après le lancement de la marque Fuso par Diamal, nous avons été invité par la filiale de CFAO Automotive Algérie à aller visiter l’usine de Daimler Trucks Asia, située à Chenai, en Inde. Une ville du sud du pays qui s’est forgé une place de choix parmi les destinations privilégiées des constructeurs automobiles et motocycles, venus de différentes régions du globe jouir d’opportunités certaines pour faire fructifier leurs projets. Parmi ces constructeurs, citons l’allemand BMW, l’américain Ford, les japonais Isuzu et Yamaha, le sud-coréen Hyundai ou encore l’alliance Nissan-Renault.
Ces derniers tirent profit de, entre autres conditions attractives, la position géographique de la ville de Chenai, près de l’Océan Indien, des trois ports qu’elle possède et du tissu de sous-traitants qu’elle propose. « Nous avions remarqué que malgré sa position de leader mondial, Daimler Trucks n’était pas présent en Inde où le marché est très prometteur. Nous avons donc étudié les possibilités d’intégrer ce marché, et aujourd’hui, nous ne le regrettons pas », se réjouit Muralidharan N K, Directeur Commercial de Fuso de la région Mena FZE.
L’implantation de Daimler Trucks en Inde a été effectuée après l’accord conclu entre le géant allemand, dont Mitsubishi Fuso Truck & Bus Corporation fait partie, et Daimler Hero Commercial Vehicles (DHCV), co-entreprise indo-germanique. Cette opération a ouvert la voie à l’implantation, en 2009, d’une usine de production de camions et Bus baptisée Daimler India Commercial Vehicules (DICV) et dont l’activité a été entamée en 2012 avec les camions BharatBenz, une marque indienne destinée au seul marché local et ses normes. BharatBenz propose une gamme diversifiée de modèles déclinés en différents segments. Aujourd’hui, les gigantesques chaînes de l’usine Daimler Trucks de Chenai livre trois marques, en l’occurrence BharatBenz, Fuso et Mercedès Benz Bus.
Etalée sur une généreuse superficie de 16 000 m², l’usine Daimler Trucks Asia regroupe l’ensemble des activités liées à la fabrication et au montage, entre carrosserie, cabine emboutissage, moteurs, transmissions et autres peinture. Une piste d’essai est également là pour mettre à l’épreuve les camions sortis des chaines de montage. Et comme nous l’avons mentionné plus haut, ce site trouve son compte dans sa proximité avec la majorité de ses fournisseurs. Ces derniers « sont implantés dans un périmètre de 40 kilomètres de notre usine », indique Benjamin Eule, Vice-président Supplier Managment and Logistics du groupe Daimler, précisant que cette cartographie « donne droit à un gain conséquent en coûts de production ». Celle-ci est, depuis 2013, de 40 000 camions pour la marque BharatBenz et 5 000 camions pour Fuso, alors que la capacité de production est estimée à 72 000 unités. « Nous exportons actuellement vers 20 pays et nous comptons atteindre bientôt le nombre de 30 pays», poursuit M. Eule ».
Sur le registre de la ressource humaine, l’usine emploie 3 000 personnes répartis sur l’ensemble des structures. Et la stratégie Daimler y repose sur la recherche et le développement ainsi que sur la formation qui va de l’initiation aux rudiments de l’industrie et autres petits composants mécaniques jusqu’à l’enseignement des dernières technologies et méthodes de gestion et de management en la matière.
Les stagiaires sont formés à travers un cursus de 3 années scindées en plusieurs étapes pour espérer décrocher le diplôme requis et intégrer les équipes opérationnelles.
C’est dire que dans cette usine, c’est la méthode de Daimler et son savoir-faire qui servent de référence et imposent ses standards mondialement connus et reconnus du constructeur allemand. Dans cette logique, même les sous-traitants suivent la cadence et répondent aux exigences qualitatives imposées par le groupe germanique. « Ici, tout est conçu sur des produits Mercédès », explique encore Benjamin Eule.
Les camions produits par l’usine indienne de Daimler répondent aux normes Euro 3, nous indique-t-on sur place, précisant que la norme Euro 4 pourrait entrer en vigueur à partir d’avril 2017 et que les équipes sur place sont capables de produire de l’Euro 5 et de l’Euro 6.
La gamme Fuso produite à Chenai propose plusieurs modèles et différentes déclinaisons dont le FJ commercialisé par Diamal en 2 versions (PTAC 16T 230CV et PTAC 18T 280CV ). « Pour l’Algérie, nous livrons des camions Euro 3 avec des équipements spécifiques. Nous sommes capables de répondre aux normes du marché algérien et à ses attentes en matière de sécurité active et passive », fait remarquer, à son tour, Muralidharan N K, avant que Philippe de Condé, Managing director Trucks chez Diamal ne prenne le relai pour souligner que « Fuso est aujourd’hui l’unique marque asiatique qui puisse répondre totalement au cahier des charges imposé du ministère de l’Industrie est de Mines ». De plus, s’enorgueillit le même responsable, « les camions FJ sont conçus pour durer plus longtemps et pour supporter des charges plus lourdes grâce à leur châssis renforcé et le traitement contre la corrosion. Confortable, avec une cabine couchette et un siège réglable en 3 positions et une colonne de direction réglable en hauteur et en profondeur offrent au conducteur un réglage optimal de sa position de conduite », rassure encore de son côté Philippe de Condé, premier responsable de la division véhicules utilitaires chez Diamal.
Et c’est cette qualité dont peut se vanter le camion Fuso qui est promise par les responsables de Diamal à travers l’inauguration très prochaine de l’usine Fuso à Sidi Moussa, à Alger. Laquelle usine livrera son premier camion le mois prochain, ont annoncé le responsables de Diamal.
Construite sur un terrain de 70 000 m² où Diamal est déjà implanté avec un centre de livraison en attendant un parc sous douane, l’usine Fuso Made in Algérie s’étale sur 5 000 m² et comptera deux lignes de production avec une capacité de production initiale de 1 700 véhicules par an, puis 3 400 véhicules/an pour atteindre les 5 000 unités dans une troisième phase qui verra les emplois directs atteindre un effectif de 3 00 personnes, alors que les emplois indirects tourneront autour de 400 personnes. Pour l’instant, Diamal a déjà recruté 20 cadres et agents de maîtrise ainsi que 65 opérateurs.
Pour l’intégration locale, l’usine entamera ses activités avec un taux de 23%, notamment à travers l’achat d’équipements comme les batteries, les fluides, les pneus… Ce taux passera à 50% à l’horizon 2020, ont précisé les responsables du projet, citant les cas d’intégration de boîte à vitesse ZF produites en Algérie par la SNVI.
Concernant les modèles Fuso qui seront assemblés en Algérie, l’usine de Sidi Moussa commencera avec le Canter FE et FJ avec la perspective d’élargir ses activités à d’autres modèles.